Lectures estivales en vrac
Je profite usuellement de l’été pour lire un peu plus qu’à l’habitude, et cette année n’a pas échappé à la règle. Puisque j’ai fait de jolies découvertes, je vous les présente ci-dessous 🙂
Après Yardam, Mers Mortes et le Désert des Couleurs, la Mort du Temps est le quatrième titre que je lis d’Aurélie Wellenstein, et il m’a séduit à son tour. On y embarque dans une fuite hors de Paris, entre personnages attachants et images fortes ; l’occasion d’explorer encore une fois, comme cette autrice sait si bien le faire, les nombreuses facettes de notre humanité – les plus sombres comme les plus lumineuses.
Je suis ressorti de Thecel avec l’impression de ne pas avoir tout compris, mais pourtant sans la moindre frustration. Léo Henry a une plume maîtrisée et nous emporte dans un univers à la fois surprenant et poétique. Riche en moments forts comme en jolies trouvailles stylistiques (comme ces fameux ronds pleins et creux qui rythment la numérotation des chapitres), l’aventure vaut le détour (et je ne suis pas le seul à le penser puisque ce livre est lauréat du Prix Imaginales 2021 dans la catégorie roman francophone).
Même au sein d’un sous-genre tel que le Space Opera, on peut trouver des histoires très diversifiées. Avec Dark Run, on est très loin du sense of wonder d’un livre de Romain Benassaya, ou encore des réflexions sur l’humanité de Destinations Ténèbres de Frank M. Robinson. Dark Run est un condensat de rebondissements – parfois téléphonés –, porté par des personnages stéréotypés qui lâchent des punchline toutes les deux pages. Bref, un blockbuster de l’été. Sans marquer, ce livre offrira un moment de divertissement sympathique à qui veut se changer les idées dans une ambiance pirates de l’espace.
Faut-il encore présenter Brandon Sanderson et ses systèmes de magie ? Les Légions de Poussière nous emmène à la découverte de la Rithmatique, cet art de dessiner et d’animer des dessins à la craie. L’intrigue fonctionne bien et le texte est parsemé de nombreux schémas explicatifs pour apprendre à se battre à la craie. On pourra regretter l’absence de suite tant l’univers dévoilé donne envie d’en savoir plus et de continuer l’aventure. Les Légions de Poussière est un roman qui se lit vite et qui plaira à un public large, adulte comme YA, dans une veine moins épique que Fils-des-brumes, et un peu plus sérieuse que la série des Alcatraz.
J’ai continué ma découverte du cycle de Lanmeur avec le deuxième tome de l’intégrale qui propose deux romans et trois nouvelles. Si j’avais apprécié certains textes plus que d’autres dans le premier tome (notamment Ti-Harnog et Mille fois mille fleuves), celui-ci fait en revanche carton plein. Christian Léourier nous propose des humanités différentes avec leurs façons de vivre propre, leurs traditions et leurs croyances. De la domination de la civilisation de Lanmeur naissent bien des interrogations et des combats : faut-il se soumettre ? se rebeller ? attendre ? ou au contraire agir ? À chacun de trouver sa voie comme sa loi.
L’Ours et le Rossignol est un de ces livres que j’ai tenté par curiosité, sans vraiment m’attendre à accrocher. La magie a cependant opéré dès les premières pages. Le rythme est certes lent et les enjeux sont longs à émerger, mais les personnages sont tellement attachants et l’ambiance tellement prenante que ça ne m’a pas gêné du tout. L’atmosphère, inspirée de contes russes, nous plonge dans un récit initiatique, aussi dur et cruel que poétique, où les anciennes traditions et croyances vont se heurter aux enseignements de l’église orthodoxe. De cette lutte incessante perceront bien des malheurs, mais aussi des envies de liberté et de changements.
Pilotée par Marcus Dupont-Besnard et Jeanne L’Hévéder, Anticipation est une excellente revue qui explore les futurs possibles au travers d’interviews. Après deux numéros sur le transhumanisme et l’odyssée spatiale, la revue nous revient pour une troisième enquête toujours aussi réussie sur les mondes post-apocalyptiques où il est question, sous le regard de la science comme de la fiction, d’effondrement, de crise future ou déjà en cours, de fin du monde ou seulement d’une fin d’un monde, de reconstruction, d’espoirs de renouveau, ou bien encore de continuité.