Trilogie d’une nuit d’hiver
À l’occasion de mon billet sur mes lectures estivales, j’ai déjà dit tout le bien que je pensais de l’Ours et le Rossignol, formidable roman de Katherine Arden. Parce que j’ai depuis dévoré la suite et fin de la trilogie, et parce que cette œuvre est très clairement mon coup de cœur littéraire de l’année, il fallait que j’en reparle à nouveau.
Pas de tomaisons inscrites sur les couvertures, mais ne vous y laissez pas tromper malgré ce qu’affirme les quatrièmes : cette histoire est bien une trilogie !
La trilogie d’une nuit d’hiver, composé de l’Ours et le Rossignol, la Fille dans la tour, et l’Hiver de la sorcière, s’inspire des contes de fées russes, mais aussi d’événements historiques, pour nous livrer une fantasy aussi cruelle que poétique. Dans la Russie du XIVème siècle, on y suit les aventures d’une jeune fille prénommée Vassia, laquelle a la particularité de voir les habitants du monde invisible, multitude d’esprits que tous croient appartenir au folklore et existent pourtant réellement. Dans un pays où la religion orthodoxe gagne du terrain, où les femmes finissent épouses ou bien envoyées au couvent, elle devra cependant garder son don secret, pour ne pas ternir la réputation de sa famille, pour ne pas être taxée de sorcière, pour ne pas bousculer l’ordre établi. Jusqu’au jour où de vieux conflits entre les esprits vont inciter Vassia à résister. À espérer un changement et, peut-être, tracer une voie propre.
La trilogie d’une nuit d’hiver est un récit initiatique d’une grande beauté, une ode à l’émancipation et à la réconciliation dans un pays qui connaît bien des divisions, entre les russes et les tatars, entre les orthodoxes et les païens, entre les soifs égoïstes et le bien commun. Si le démarrage se montre lent, l’histoire gagne en puissance à mesure que Vassia grandit, au fil des conflits, des trahisons, des échecs, mais aussi des victoires, des actes de loyauté et d’amour. Si les esprits du folklore sont bien vivants, on s’apercevra bien vite que la réalité n’a rien d’un conte de fées et que Vassia va se heurter de plein fouet à toute la cruauté dont la vie se montre capable. Sa quête reste pourtant lumineuse, et on en ressortira avec l’impression durable d’avoir vécu une aventure aussi sombre que gorgée d’espoir, pleine d’esprits et pourtant incroyablement humaine. Alors n’attendez plus, suivez Vassia au cœur de l’hiver dans ce voyage aux flammes glaciales et aux émotions ardentes.
